Qu’est-ce que la personnalité: les différentes théories

La personnalité est le fruit d’une combinaison entre une base neurobiologique couplée à une adaptation de l’individu aux contraintes de l’environnement socioculturel dans lequel il évolue. Ce mélange d’inné et d’acquis construit la personnalité au fil de l’histoire de la personne.
Dans le langage courant, le terme «  personnalité » est employé dans une forme de jugement : “ un tel n’a pas de personnalité”  pour dire qu’il est ennuyeux. Dans ce cas, “personnalité” signifie charisme.

Les chercheurs en psychologie et les grands théoriciens , quant à eux, voient en le terme « personnalité » un ensemble de caractéristiques qui illustrent les modes stables du comportement d’une personne.

personnalité

Au fil du temps et des époques, différentes théories sur la personnalité ont vu le jour. On compte alors 6 grandes approches psychologiques :
1. L’approche psychodynamique : La théorie de la personnalité de Freud et la psychanalyse
2. L’approche phénoménologique : la théorie de la personnalité de Carl Rogers
3. La théorie des traits de personnalité: Allport, Eysenck et Cattell
4. L’approche fondée sur l’apprentissage : le béhaviorisme de Watson, la théorie du conditionnement classique de Pavlov, la théorie du conditionnement opérant de Skinner et la théorie stimulus-réponse de Hull, Dollard et Miller.
5. L’approche cognitive : la théorie des construits personnels de George A.Kelly
6. L’approche sociocognitive de Bandura et Misch

1.La théorie psychodynamique

La théorie psychanalytique de la personnalité selon Freud

La structure

Conscient / inconscient / préconscient
Rêves
Motivations inconscientes
Ça moi et surmoi

Le processus

Pulsion de vie et pulsion de mort
Projection
Isolation, formation réactionnelle et sublimation
Refoulement

Croissance et développement

Développement de pulsions et les stades du développement

La théorie psychanalytique est une approche psychodynamique et clinique de la personnalité. En effet, le comportement est le fruit de motivations et de pulsions internes. On la qualifie également de clinique car elle repose sur l’observation des patients. Selon Freud , seule l’analyse en profondeur permettait de définir la dynamique du conscient et de l’inconscient. A cela s’ajoute l’analyse des structures (ça, moi et surmoi) et des processus de personnalité (l’énergie psychique qui provient du ça, qui est soumises aux contraintes du surmoi et qui est mise en œuvre dans l’expression du moi)
Cette approche est empreinte des grandes influences du XIXème siècle qui sont le déterminisme et la notion d’énergie psychique.

Évaluation psychodynamique de la personnalité passe par les tests projectifs:

Test de Rorschach
Test d’appréciation thématique TAT

2. L’approche phénoménologique de Carl Rogers

La théorie de la personnalité de Carl Rogers repose sur la subjectivité de l’expérience. En effet, selon lui chacun a sa propre perception de la réalité qui n’est autre que le reflet de ses perceptions passées au filtre de son monde intérieur (croyances, besoins et buts personnels). C’est ce qu’il appelle, le champ phénoménal.
De plus, il vient rompre avec la tradition freudienne selon laquelle les pensées et les comportements instinctifs devraient être réfrénés par un surmoi civilisé. Carl Roger, au contraire, affirme que de laisser s’exprimer son côté viscéral /instinctif est synonyme d’adaptation psychologique car l’individu est capable de vivre et d’expérimenter dans son corps toute la gamme des émotions. Ainsi, c’est en écoutant ces parties instinctives que le sujet peut atteindre un état de congruence: ses comportements étant en alignement avec ses valeurs profondes.
Par ailleurs, une autre notion pose les fondements de la théorie phénoménologique qui est le caractère positif de la motivation humaine. Pour l’auteur, l’être humain est fondamentalement bon, contrairement aux religions qui avancent que les hommes seraient fondamentalement des pêcheurs.
[C’est important de le préciser car C. Roger a grandi dans une famille aux valeurs pieuses très strictes. Puis après avoir voyagé, il a intégré une école de théologie progressiste. Les doctrines religieuses firent naître en lui de sérieux doutes, le conduisant ainsi à quitter le séminaire.]

Phénoménologique est donc un terme qui signifie que l’on porte une attention particulière aux expériences conscientes de la personne, de comment elle perçoit le monde et de pourquoi elle le perçoit ainsi. On ne peut expliquer la réalité qu’elle vit sans explorer ce qui se passe en elle.

La structure

Le soi
Selon C. rogers, le Soi est formé à partir de nos expériences du monde. Comme évoqué plus haut, l’individu donne une signification aux événements de manière subjective. Le concept de soi renvoie au « moi » et au « je » et ce de manière organisée, intégrée, cohérente et consciente. Le soi est une structure psychique au travers de laquelle on perçoit le monde.
Cependant, il est important de notifier que pour l’auteur, le soi n’est pas un petit personnage à l’intérieur de nous qui contrôlerait nos comportements. Il est le résultat de l’ensemble des perceptions.

Dans l’approche phénoménologique, on distingue 2 types de soi:

  • Le soi réel: concept de soi dont l’individu a conscience ou perçoit de lui au présent.
  • Le soi idéal: concept de soi auquel aspire l’individu. C’est un  Soi « du futur », un Soi vers lequel on tend.

Le processus

L’actualisation du Soi: processus naturel que l’être humain a fondamentalement de toujours aller vers ce qui l’épanouit grâce à des stratégies psychiques d’adaptation. (Concept chers aux humanistes)

La cohérence du soi et la congruence : les personnes chercheraient la cohérence du soi et une certaine congruence entre leur soi et leurs expériences. Pour garder un Soi structuré, on adopterait des pensées, des valeurs et des comportements en cohérence avec celui-ci, même si, de premier abord, il est peu gratifiant voire même autodestructeur… La congruence est ce sentiment d’alignement intérieur entre le soi (les pensées ou croyances que j’ai à propos de moi) et les comportements.

les états d’incongruence et les mécanismes de défense : les états d’incongruence créent un conflit intérieur qui se manifeste par de l’anxiété et une impression de ne pas être soi-même ou non aligné avec ses valeurs profondes. Avant même que l’individu s’en rende compte consciemment de son incongruence, il y perçoit des signes de contradictions en lui : on parle alors de subception.
Prendre conscience que nos comportements ne reflètent pas ce que nous pensons être est difficile. Pour nous préserver de la menace d’un effondrement de la structure du Soi, des mécanismes psychiques de défenses se mettent à l’œuvre :

  • La déformation : interpréter les événements extérieur de manière à venir confirmer ce que l’on pense de nous et donc conforme au concept de soi
  • Le déni : blocage psychique qui fait nier l’existence de l’incongruence et empêche toute prise de conscience

Le besoin de considération positive : chaque être humain a besoin de considération positive pour avancer. Le respect, l’acceptation et la considération sont aussi importants que manger, boire ou dormir. Le souci étant pour les personnes dépendantes qui cherchent la reconnaissance et la considération d’autrui en éteignant leur soi par peur de ne pas convenir, d’être rejetées , abandonnées, humiliées, de ne pas être aimées.

La croissance et le développement

La relation entre les parents et les enfants: aujourd’hui il est normal de parler de valorisation de l’enfant, d’écoute, d’acceptation. A l’époque où Carl Rogers élabore sa théorie, les enfants étaient considérés comme des mini adultes, déjà  armés psychiquement pour affronter le monde et gérer leurs émotions…Or, il démontre que l’enfant se construit harmonieusement grâce à l’estime que les parents ont pour lui. Un parent qui va porter un regard bienveillant et tolérant sur son enfant permettra à ce dernier de développer un bonne estime de soi car non seulement il évoluera dans un environnement affectif secure mais aussi il est dit que « le regard qu’un parent pose sur son enfant et le reflet de celui qu’il pose sur lui même ».

théorie de la personnalité

3. La théorie des traits de personnalité

Les traits de personnalité représentent la tendance stable d’un comportement, d’une pensée et de l’affect d’une personne. Pour être reconnu comme un trait de personnalité, celui-ci doit être constant (avec notion de régularité et de disposition) et distinctif.
C’est à partir de ces présupposés que les théoriciens vont élaborer leur théorie sur les traits de la personnalité.

Dans cette théorie, la science prend une place notable. En effet, les différents théoriciens s’attachent à trouver des moyens pour mesurer les traits de personnalité à partir d’analyses statistiques issues de données rigoureusement mesurées et structurées. Il n’y a pas de place pour la subjectivité dans la science de la personnalité.

L’idée des théoriciens n’est pas de décrire chaque individu mais de les classer. C’est la taxonomie.
Cela soulève donc la question de la prédiction par la déduction. Si les individus possèdent tel trait de personnalité, est-ce ce que cela veut forcément dire que leur vie se déroulera de telle ou telle manière ? Est-ce que cela fera de lui un “ bon” employé, une “bonne” épouse ?

Gordon W. Allport

Psychologue de l’Université d’Harvard, il fut l’un des pionniers de la théorie des traits de personnalité. En total désaccord avec la psychanalyse, il estime le caractère sain et organisé de la personnalité et du comportement humain. Selon lui, les traits sont les fondamentaux de la personnalité. Il en existerait 3 types:

  • Les traits cardinaux : disposition marquée et envahissante qui prend place dans presque tous les actes de la vie de l’individu.
  • Les traits centraux: disposition moins marqués
  • Les traits secondaires: dispositions les moins généralisées

Enfin, Allport parle d’autonomie fonctionnelle qui est un concept selon lequel la motivation d’un adulte n’est plus un besoin de réduire une tension psychique liée à un besoin ou une angoisse de l’enfance. Elle serait au service de son soi idéal.
Ex: je veux réussir dans mon travail non pas par besoin de reconnaissance et de validation de la part de mes parents mais parce que cela me fait plaisir, que j’y trouve un sens, que je souhaite contribuer à ma manière etc…

Raymond B. Cattell

La structure la personnalité selon Cattell possède une certaine hiérarchie dans les traits de personnalité entraînant donc une distinction en 2 types:

  • Traits de surface: traits observables (il y aurait 40)
  • Traits de sources: structures sous-jacentes aux traits de surface. Ils sont 16 divisés en 3 catégories (traits d’aptitude / traits de tempérament / traits dynamiques ) et formeraient la base de la personnalité humaine.

Les travaux de Cattell sont basés sur les données biographiques, les données issues de questionnaires auto rapportés et des résultats de tests objectifs. Ainsi sa théorie repose sur des mesures et des données statistiques.

Hans J. Eysenck

Eysenck inclut la dimension biologique et génétique dans les traits de personnalité.
Il élabore des tests et des questionnaires pour déterminer de manière scientifique la personnalité. Selon lui, les grandes familles sont introvertis / extraverti, névrosisme et psychotisme. Ces facteurs sont communément désignés par leur initiale: respectivement E, N et P.
Les facteurs biologiques tels que les hormones influenceraient les traits de personnalité. Par exemple, la testostérone, présente en plus grande concentration chez les hommes, prédisposerait ces derniers à l’agressivité et au désir de domination. Il semblerait également que les personnes relevant de la branche psychotisme auraient une activité neuronale élevée due à un haut taux de dopamine et les sujets carencés en sérotonine, seraient plus enclins à développer des traits mélancoliques, défaitistes, impulsif et violent (rappelons qu’une carence en sérotonine peut engendrer une dépression, de la labilité émotionnelle et un comportement violent).

La théorie des traits de personnalité a mis en évidence 5 traits fondamentaux que l’on retrouve dans l’acronyme OCÉAN
O: ouverture
C : conscience
E: extraversion
A: agréabilité
N: nevrosisme

4. Les approches fondées sur l’apprentissage

Le béhaviorisme est une approche développée par Watson qui consiste à étudier et analyser le comportement observable.

La théorie du conditionnement classique de Pavlov

Le scientifique Russe a mis en évidence le processus de conditionnement classique dont le principe repose sur l’intégration d’une réponse propre à un stimulus précis qui, à l’origine, est neutre. Ainsi à chaque fois qu’une personne est confrontée à une situation (qui est objectivement neutre), elle va acquérir/déclencher des réflexes sachant que plus elle y est confrontée, plus le comportement sera renforcé.
Ce sont ces travaux qui ont inspiré Watson pour fonder les bases du behaviorisme.

La théorie du conditionnement opérant de Skinner

La théorie du conditionnement opérant de Skinner, le comportement n’est pas en réaction à un stimulus déclencheur. En revanche, ils sont en lien avec l’événement qui suit. Plus j’agis de telle manière, plus j’ai de chance d’avoir le même résultat à chaque fois. Le renforçateur (punition/gratification) intervient donc après le comportement.

La théorie stimulus-réponse de Hull, Dollard et Miller

Selon cette théorie, l’association stimulus-réponse se nomme habitude et est le fondement de la structure de la personnalité. On distingue également les pulsions primaires (innées) et secondaires (acquises) qui poussent l’individu à agir pour en réduire la tension interne.
L’imitation est aussi une motivation dans l’apprentissage par essais et erreurs.

la théorie des construits personnels

5. L’approche cognitive de la personnalité: La théorie des construits personnels de Georges A.Kelly

Tout comme les théories de Freud et de Rogers, la théorie des construits personnels est fondée sur une analyse clinique des individus. Seulement, la cognition est au centre des comportements, c’est-à-dire la manière avec laquelle l’individu interprète le monde. Selon Kelly, le fait d’interpréter s’appelle un construit et celui-ci est pour la plupart des personnes et pour la plupart du temps “bien-mal”

Cette théorie entre à la fois dans la case:

  • phénoménologique car il s’agit d’interprétation personnelle du monde extérieur
  • existentielle car elle voit la personne comme un élément actif
  • behaviorisme car elle peut aider les gens à modifier/reconditionner leurs pensées et donc leurs comportements
  • dynamique car la personne interagit avec les éléments liés à ses construits.

Par ailleurs, Kelly considérait l’humain comme un scientifique capable d’élaborer des systèmes de construits et de les utiliser pour prévoir et donc anticiper l’avenir. L’humain est donc actif et non poussé par la motivation. Son système de construits est ce qui le maintient dans une certaine sécurité et dès lors qu’il essaye de poser un nouveau regard sur le monde, il peut se sentir menacé et donc, développer une anxiété. Ainsi, un dysfonctionnement du système de construits peut engendrer des troubles psychologiques.

6. La théorie sociocognitive de la personnalité par Bandura et Mischel

Bandura et Mischel estiment que les théories de la personnalité qui se basent sur les besoins de satisfaction des pulsions ne permettent pas de prévoir ou de modifier un comportement. Ils préfèrent étudier les processus cognitifs  et recueillir des données grâce à des auto-tests spécifiques. Ils insistent sur le déterminisme réciproque qui est l’interaction entre la personne et l’environnement.

Structures

Les théoriciens ont mis en évidence 3 concepts structuraux;

  • les attentes-croyances
  • les compétences-habileté
  • les objectifs

Les processus

Autorégulation: Selon cette théorie, les comportements se maintiennent à cause des attentes et non pas à cause des bienfaits immédiats. “Réfléchir avant d’agir” voilà ce dont est capable l’être humain. L’autorégulation du comportement est un concept important dans la théorie sociocognitive de la personnalité.
Les jugements portant sur son sentiment d’’auto-efficacité: pour sélectionner les objectifs, pour persévérer, améliorer son rendement , humeur plus légère, meilleures stratégies d’adaptation devant

Conclusion

Les différentes théories de la personnalité tentent toutes d’expliquer, de rationaliser et d’anticiper les comportements humains en fonction d’une situation donnée. Certains passent par l’exploration et l’analyse de l’enfance, d’autres par l’étude du cerveau et de ses processus cognitifs et d’autres au travers d’enquêtes, de tests psychométriques, de statistiques… Les théories de la personnalité progressent en même temps que la société et la médecine car au final, l’évolution de la technique et l’interdisciplinarité nourrissent la recherche.  Ce dont il en ressort, c’est que l’être humain est évolutif, malléable et sa personnalité, bien qu’elle ait une part héréditaire ou génétique, elle se façonne au gré des expériences de vie.

 

 

Sources

La personnalité : de la théorie à la recherche / Lawrence A. Pervin, Oliver P. John ; adaptation française de Louise Nadeau, Didier Acier et Dave Miranda Pervin , Lawrence A.

La personnalité normale et pathologique : les structures mentales, le caractère, les symptômes Bergeret, Jean (1923-2016)

Psychologie de la personnalité Pierre Benedetto ;Pierre Benedetto. De Boeck : 2008 Cairn : 2012

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